Tequila time ! (Hazel-Grace)

Cela faisait deux mois que je m'étais installée à Nevada City. Je prenais tout doucement mes marques. Après avoir passé plusieurs semaines à choisir puis à monter et à installer des meubles mais également à déballer mes cartons, je commençais vraiment à me sentir chez moi. Mon studio ressemblait enfin à quelque chose ! Je n’étais pas totalement habituée à la ville. Il m’arrivait de me perdre en tournant à la mauvaise intersection. Le dynamisme de Los Angeles me manquait également mais seulement de temps en temps. A force d’y avoir vécu toute ma vie, il était difficile pour moi de perdre certaines habitudes que j’avais prise comme prendre un café à emporter dans telle enseigne ou faire du yoga avec mes amies à telle heure de la journée. Repartir de zéro n’était pas facile pour moi mais je faisais des efforts pour y arriver. Au niveau du travail, je m’accommodais également doucement à la vie en boutique. J’avais du temps pour dessiner et créer les habits que je voulais et je pouvais les vendre, dans une petite partie de la boutique. C’était un deal que j’avais passé avec le propriétaire. Je ne voulais pas être que vendeuse dans une boutique de prêt-à-porter mais je voulais également être styliste. Un jour, j’aurai ma propre boutique. J’en rêvais mais je savais que le chemin était long pour réaliser ce projet. Avec le salaire que je gagnais, je vivais de façon confortable.

J’avais fait quelques rencontres intéressantes dont Hazel-Grace, lors d’une soirée dans un bar. Une cliente m’avait parlé du Dark Night comme étant un bar avec une ambiance glauque. La fêtarde curieuse en moi s’est réveillée à tel point que le soir-même, j’y suis allée. Effectivement, le bar avait tout pour faire peur mais j’avais vu trop d’horreur dans ma vie pour me laisser effrayer par un bar. Lors de cette soirée, j’avais rencontré Hazel-Grace. Nous avons tout de suite sympathisé. Depuis, nous nous rejoignons de temps en temps dans ce bar pour boire des verres, s’amuser et papoter de tout et de rien.

J’avais passé la journée à la boutique à écouter des clientes se demander si elles devaient prendre ou non tel ou tel vêtement. Elles se demandaient également si ça leur allait, si elles pouvaient le porter tous les jours… Ce fut une très longue journée pour moi. Après être passée rapidement à la maison pour me doucher et me changer, je suis allée directement au bar. J’étais arrivée vers 20h45. Hazel-Grace n’était pas encore arrivée. Nous n’avions pas fixé une heure précise pour notre rencontre. Je m’étais installée au comptoir où j’avais commandé une série de shots de tequila, en attendant que mon amie me rejoigne.

Lorsque j’étais étudiante, j’avais découvert le goût pour la fête. J’avais passé beaucoup plus de temps dans les bars et les boîtes de nuit que dans des bibliothèques studieuses. Avec mes amies, nous passions du temps à nous maquiller et à choisir les habits les plus provocants pour faire tourner la tête des hommes. Pour moi, faire la fête était le seul moyen que j’avais pour m’évader. Je pouvais penser à rien juste en prenant quelques verres et en dansant. J’adore danser au rythme de n’importe quelle chanson. Plus la musique bougeait, plus je m’amusais. J’aimais cette sensation. Pour moi, danser, m’amuser et faire la fête était le moment où j’étais la plus heureuse. Par contre, je n’avais jamais touché à la drogue. Même si la tentation était grande, c’était quelque chose qui ne m’attirait pas.

J’aimais beaucoup l’ambiance de ce bar. Il n’était pas extrêmement bondé. Quand on parlait, on arrivait encore à s’entendre, sans forcément avoir besoin de hurler. La musique de fond était aussi entraînante. Elle me donnait envie de danser. Ce bar me rappelait vraiment toutes les bonnes soirées que j’avais vécu à Los Angeles. Passer du bon temps avec mes amis me manquait mais l’ombre de mon passé planait toujours. J’avais l’impression que quoi que je faisais, je ne pouvais pas le fuir. A peine, j’étais heureuse qu’un mauvais moment me faisait retourner dans le passé. Je sais que tout était dans ma tête. J’avais également l’impression que tout le monde voyait en moi ce qui allait failli se passer avec mon beau-père.

J’étais concentrée sur le barman quand mon amie Hazel-Grace s’installa à mes côtés. J’étais très heureuse de la retrouver ce soir. Je me suis tournée vers elle et je lui ai dit :

« Je vais bien mais ça ira mieux dans quelques instants. Et toi ? »

Je n’avais qu’une envie : m’enivrer pour ne plus penser à cette longue journée. J’étais impatiente d’avoir cette série de shot de tequila en face de moi. Je m’efforçai de ne pas penser à ma soif. J’ai ajouté ensuite :

« Journée longue et horrible ! Je n’ai pas arrêté d’avoir des questions inutiles sur les vêtements que les clientes choisissaient… Tu sais le genre ‘Est-ce que ça me va ou pas ?’ Et toi, le boulot ?»