i could be your kryptonite - violet & marley

M’habituant peu à peu à ma vie à Nevada City, je me sentais de plus en plus à l’aise. Je n’étais plus vraiment nostalgique de ma vie passée à Los Angeles. Le matin lorsque je me réveillais, après la routine dont j’avais besoin pour être fonctionnelle, je me disais que j’allais passer une bonne journée. J’étais pleine d’espoir… mais il suffisait d’un mauvais moment pour me rappeler que la vie n’était pas rose. A tout moment, je me sentais happée par la vie. Un souvenir d’enfance, une musique particulière… tout me faisait retourner dans cet endroit que je voulais fuir. J’avais vécu cette journée sans vraiment être là. Dès le matin, j’avais eu un coup de fil qui m’avait contrarié toute la journée. La veille, j’avais souhaité le joyeux anniversaire à ma petite sœur par SMS. Je ne voulais pas forcément lui parler mais je voulais lui montrer que je me souvenais de cette date. Des heures plus tard, un reproche de ma mère dans un message incendiaire, avait rendu ma journée toute pourrie. Selon elle, j’aurai pu revenir, que les anniversaires se fêtaient en famille… bref tout le blabla qui me donnait envie de fuir encore plus loin d’ici. J’avais le moral dans les chaussettes. Comment dire à ma mère que je ne voulais pas rentrer parce que je ne voulais pas le voir, lui.

Le travail m’avait semblé interminable. J’étais d’habitude très professionnelle face aux clientes mais lorsqu’elles me posaient des questions, je n’arrivais pas à leur répondre. Le soir même, j’ai décidé de ne plus penser à cette journée. J'avais pris soin de choisir mes vêtements et de me maquiller pour être la plus séduisante possible, sans forcément être provocante. J’avais donné rendez-vous à des amies pour m’amuser sans me prendre la tête. Le bar de la ville était un peu comme mon nouveau repère. C’était l’endroit que j’appréciais le plus en ville. Nous avions commandé des shots de tequillas pour commencer. Après en avoir bu un certain nombre (ne me demandez pas de compter, je ne me rappelle plus), je me sentais plus détendue, j’ai entendu une musique entraînante qui m’a donné envie de danser. J’ai entraîné une de mes amies avec qui j’ai dansé sans me prendre la tête sur une musique particulièrement festive. Je fermais les yeux pour mieux m’imprégner de la musique. Lorsque je les ai ouverts, mon regard s’est posé sur un jeune homme non loin de la piste de danse. Il me regardait danser. J’avais conscience qu’avec ma longue chevelure rousse, j’attirais les regards. J’ai passé ma main dans mes cheveux tout en continuant à le regarder puis je me suis tournée vers mon amie. Le jeu de séduction pouvait commencer…

En arrivant au bar ce soir, je n’avais pas eu l’intention de séduire qui que ce soit. Je voulais juste me vider la tête, m’amuser, boire et danser avec mes amies. Je me fixais souvent ces objectifs-là. C’était mon côté fêtard qui avait besoin de ça. Si je ne faisais pas la fête pendant un certain moment, je me retrouvais à déprimer chez moi. J’avais pris goût à la fête quand j’étais à la fac. Depuis elle ne m’avait plus quitté. Quand j’avais vraiment envie d’être avec un homme, je me mettais en mode « chasse ». Bien sûr, la plupart du temps, je me retrouvais à parler avec des personnes peu passionnantes. Finalement, mon envie de ne pas rester seule me forçait à faire semblant de les écouter. Les soirées se finissaient souvent chez l’autre mais je m’échappais bien avant qu’il ne se réveille pour éviter de faire un walk of shame. C’était toujours mieux d’éviter les conversations désagréables le matin. Par contre, je ne ramenai jamais d’homme chez moi. C’était une règle que je m’étais fixée.

Bien évidemment, se faire séduire par un homme était très agréable. Même si cela demandait du temps, j’aimais entrer dans un jeu de séduction long et pleins de sous-entendus. L’homme en question était très agréable à regarder. On pourrait même le qualifier de sexy. Seulement, je n’étais pas facilement impressionnable. J’avais besoin qu’il fasse le premier pas, qu’il essaye de me séduire… Ce soir, je n’avais pas envie de céder à la facilité. Lorsque nos regards se sont croisés, j’ai senti comme un frisson le long de ma colonne vertébrale. Je n’avais jamais eu cette sensation de toute ma vie. Cela m’intriguait. J’avais l’impression que ses yeux pouvaient voir à l’intérieur de mon âme. Je me sentais bizarrement vulnérable sous son regard.

J’ai continué à danser jusqu’à avoir soif. J’ai pris un ou deux shots de tequila en plus pour oublier ma mauvaise journée. J’étais donc seule quand il s’est approché de moi avec un verre et qu’il m’a complimenté sur ma chevelure. Je l’ai remercié pour les deux en disant tout simplement :

« Merci beaucoup. »

J’ai pris son verre, en prenant bien soin de lui frôler les doigts puis tout en le regardant droit dans les yeux, je l’ai bu d’une traite. J'ai ensuite reposé le verre entre ses mains. Etant alcoolisée, je n’avais pas vraiment réfléchi sur le moment. Mon verre aurait pu être rempli de drogues mais en réalité, je m’en fichais. Mon besoin de m’amuser l’emportait sur le tout. Pour continuer ce jeu de séduction, je suis retournée pour aller auprès de mes amies. Elles avaient vu toute la scène. Elles me complimentaient sur ma prise du soir tout en rigolant mais je n’étais plus vraiment là. L’alcool faisait effet : j’étais comme sur un petit nuage.