Sierra, la femme qui avait tout... Ou presque...

Je m’appelle Sierra Fiona Tomkins et je suis née il y a trente-huit ans dans l’une des plus vieilles familles de la ville de Nevada City. Ville qui m’a vue naître également pendant un doux hiver du mois de février. Rapidement, ma mère prend le parti de m’élever comme une parfaite petite fille, il fallait que je connaisse les bonnes manières et que je me comporte comme il fallait en société. Parce que les apparences étaient plus qu’importantes aux yeux de mes parents, peu importait si nous étions une vraie famille ou pas, l’important était qu’on passe pour une famille qui s’aimait… Avec un père qui se fichait bien de savoir qu’il avait une fille et une mère qui n’avait dieu que pour l’éducation d’une petite fille parfaite, j’ai passé les dix premières années de ma vie à essayer de contenter mes parents. Ils étaient tout pour moi et le fait que j’étais invisible pour eux me détruisait… J’ai commencé à me nourrir de manière très mal à l’âge de sept ans, le début d’une mal nutrition qui allait me mener à l’anorexie à mon adolescence…  

Puis, arriva dans notre petite famille une petite tête brune, ma petite sœur, de dix ans ma cadette. Barbara, Babou comme je l’appelais. Je l’ai adoré dès ses premiers cris, elle était sublime et je voyais là enfin l’occasion d’aimer quelqu’un du même sang que moi. Les premières années ensemble étaient merveilleuses, jusqu’à ce qu’elle atteigne l’âge où elle comprenait les choses, où elle aussi voulait exister aux yeux de notre père. Notre mère nous voyait, prenait soin de nous à sa manière mais notre père n’en avait vraiment rien à faire de notre existence, tout ce qui lui importait était son affaire, ses affaires douteuses. J’ai très vite compris que l’argent que nous possédions ne venait pas d’un boulot clair mais d’un trafic de drogues, de vols et de crimes sans nom. Néanmoins, adolescentes, nous avons toutes les deux tenté d’exister aux yeux de notre père, Barbara et moi… Ce qui nous a amené à nous éloigner l’une de l’autre, à nous déchirer, à nous avilir au niveau de notre père, celui du jeu de la puissance et de la meilleure fille dont il pourrait être fier. Mon anorexie ne m’aidait pas, j’étais déchirée à l’intérieur et mon mal être passait par cette mal nutrition… Ma famille était une mascarade et j’étouffais à l’intérieur…

J’étais tellement mal qu’une thérapie fut nécessaire pour me sauver de mes démons, j’entrepris d’en faire une sans en parler à personne. J’avais à peu près vingt ans et j’avais aussi décidé d’aider mon père dans son trafic. Afin de devenir la petite fille préférée de mon père – les vieilles habitudes sont toujours là – je pris la décision d’entrer dans la police – je devais alors faire semblant d’avoir coupé les ponts avec ma famille. La police était au courant des trafics de mon père, il fallait donc que je sois crédible. Au début, je faisais réellement cela pour aider mon père, être indic à l’intérieur… Sauf qu’au fur et à mesure du temps, je suis devenue une vraie flic, j’aimais faire le bien et surtout, grâce à ma thérapie, j’ai compris que rattraper l’image que me renvoyait mon nom de famille était important à mes yeux. J’avais besoin de tirer un trait avec mon passé et ma famille. Je coupais clairement et définitivement les ponts avec ma famille, incluant ma mère et ma sœur.  

Aujourd’hui, cela fait sept mois que mon père est décédé, mort d’un cancer et j’en fus bouleversée. Un pan de ma vie qui se referme, un passé douloureux qui me revient en pleine face tandis que j’allais à l’enterrement. Froide, je restais froide avec ma sœur tout comme avec ma mère. Hormis ça, j’ai rencontré l’amour il y a six mois, un nouveau lieutenant à la tête de ma brigade. Nous nous cachons pour éviter les problèmes mais j’en suis très amoureuse…. Ce que je ne sais pas encore c’est qu’il est agent du FBI et qu’il est infiltré à la police parce qu’une taupe des Tomkins travaille à la brigade et évidemment, ils me soupçonnent…