Mon passé était compliqué. Je n’aimais pas spécialement en parler avec mes proches, que ce soit des amis ou de la famille. A vrai dire, peu était au courant de ce qui s’était passé et pourquoi j’étais si brisée que ça. J’ai préféré fuir pour ne plus y penser. A chaque fois, j’avais l’impression que ce qui m’était presque arrivé était inscrit en gros sur mon front. Je savais que j’avais échappé au pire mais je ne pouvais m’empêcher d’être continuellement brisée. Je n’arrivais pas à m’en remettre, pensant à chaque fois que c’était de ma faute. Je ne parlais pratiquement plus avec ma famille, qui était restée à Los Angeles. C’était devenu compliqué et tendu entre nous. J’avais besoin de partir pour mieux respirer. Je me sentais comme étouffée à force de vivre dans la même ville qu’eux. Je me sentais également stagner dans ma vie privée et dans ma vie professionnelle. J’avais besoin d’une nouvelle bouffée d’air frais pour tout recommencer. Je commençais vraiment à devenir folle à Los Angeles.
Grâce à une amie, j’avais eu une opportunité professionnelle que je ne pouvais manquer. C’était l’occasion pour moi d’emménager dans une nouvelle ville pour tout recommencer. Je pouvais enfin exercer le métier qui me faisait rêver depuis mes années au lycée. Même si j’avais suivi des cours dans une de plus prestigieuses écoles de stylisme, je n’avais pas réussi à trouver un travail stable. J’étais professionnelle mais les patrons trouvaient que je ne m’impliquais pas réellement. J’ai donc accepté cette opportunité. J’avais négocié avec mon patron sur le fait que je pouvais tenir la boutique de vêtements à la seule condition que je puisse exposer mes créations dans une partie des locaux. Ce serait l’occasion pour moi de me lancer sans forcément avoir à payer les frais qu’engendrait une telle boutique. Au final, le destin avait voulu que ce soit une opportunité professionnelle pour Nevada City, la ville où vivait ma cousine. Cela faisait tellement longtemps depuis la dernière fois où nous nous sommes vus. Nous avions 8 ans d’écart. Je la considérais comme la grande sœur que je n’avais eu. Elle m’avait aidé à trouver un studio dans un quartier sympa. C’était même elle qui était venue me chercher à l’aéroport et qui m’avait aidé à m’installer dans mon nouveau cocon.
Je voulais lui montrer les fruits de mes efforts quant à l’aménagement du studio. J’avais donc donné rendez-vous à Savannah pour qu’elle puisse voir ce que j’avais fait du studio. Pour l’occasion, j’avais préparé un gâteau au chocolat. Il n’était pas aussi bon que celui de notre grand-mère même si j’avais suivi la recette à la lettre... J'étais habillée confortablement. Je m'étais aussi maquillée légèrement. Je l’attendais en jouant sur mon téléphone quand la sonnette du studio retentit. J’ai ouvert la porte pour voir ma cousine. Je lui ai dit :
Je m’apprêtai pour la soirée qui venait, non pas que je devais être toute pomponnée mais j’aimais prendre soin de moi, je n’aurais pas su me rendre chez ma cousine débraillée. Cela faisait quelques semaines qu’elle était venue s’installer dans la ville, à mon plus grand bonheur. Il faut dire que Violet était ma cousine préférée, celle avec qui j’avais passé des moments merveilleux chez notre grand-mère. Quand elle m’avait appelé pour me dire qu’elle venait s’installer à Nevada City parce qu’elle y avait trouvé un job, j’étais aux anges. J’avais bien besoin de soutien en ce moment et mes propres sœurs ne pouvaient pas me le procurer. Violet était comme ma petite sœur, celle que je n’avais jamais eue, moi étant la plus jeune de la fratrie Valentine, j’avais toujours été la plus protégée de tous. Mais, avec ma cousine, je pouvais enfin jouer les mamans poules à mon tour et j’y prenais beaucoup de plaisir. D’autant que j’aimais profondément ma cousine.
Une fois prête, je pris ma petite veste en jean, mes clefs et me dirigeai vers le petit studio que j’avais trouvé à ma cousine où elle habitait à présent. J’avais tellement été heureuse d’apprendre qu’elle venait s’installer ici que j’avais pris la liberté de lui trouver un toit et surtout, je lui avais fait la surprise de venir la chercher à l’aéroport. En réalité, je n’aurais pas su attendre plus longtemps pour la revoir tant cela faisait un bail que je ne l’avais pas revue. Moi partie pendant un an à New York, nous avions plus que jamais été éloignées ces dernières années. Cela me manquait nos petites soirées à discuter de tout et de rien, de nos rêves, de nos avenirs, de nos amours, de notre famille dysfonctionnelle. En quelques minutes, j’arrivais devant la porte, elle m’avait dit qu’elle voulait me montrer l’aménagement de son intérieur et pour moi, c’était juste une bonne occasion de passer du temps avec ma cousine favorite. Je sonnai à la porte, un large sourire sur les lèvres et je n’attendis pas longtemps avant de voir celle-ci s’ouvrir sur la chevelure flamboyante de ma cousine Violet. Elle me prie de rentrer après m’avoir demandé comment j’allais. Je m’approche d’elle et lui fit la bise avant de pénétrer à l’intérieur de son studio tout en répondant :
« Coucou ma belle ! On fait aller et toi ? »
Je n’étais pas au meilleur de ma forme, je venais justement d’apprendre que j’étais enceinte et que j’allais offrir à mon bébé la pire des situations pour son avenir : il n’aurait pas de père puisque celui-ci était marié… Je retirai ma veste de mes épaules et la tient en main, je ne sais pas trop où je peux la poser. Puis, je regarde admirative ce qu’elle a fait de cet endroit, je tourne sur moi-même avant de m’arrêter et de lui dire :
« C’est super ce que tu as fait de ce studio, je ne le reconnais plus ! »
Je ne doutais pas des talents de ma cousine pour la décoration intérieure, elle était douée, très douée et je savais que cet endroit deviendrait son endroit. Puis, je humais l’odeur dans le studio, ça sentait comme chez ma grand-mère et d’un air mutin, je lui demande :
« Toi, tu as préparé la recette de gâteau de nana, j’me trompe ? »
Je souris en repensant à certains souvenirs avec notre regrettée grand-mère. Nous avions passé de bons moments avec elle, toutes les trois…
:copyright: nightgaunt
Sujet: Re: Discussion entre cousines (Savannah) Mar 22 Oct - 20:07
Passer d’une vie de fêtarde invétérée à Los Angeles à une vie de fêtarde modérée à Nevada City avait été un cap difficile pour moi. J’avais peur de ne pas pouvoir retrouver cette vie de décadence ici. J’adorais m’amuser en buvant et en dansant sans me prendre au sérieux. J’aimais surtout danser toute la nuit. Si je pouvais uniquement danser, je savais que je ne pouvais être qu’heureuse. Même si ces moments n’étaient éphémères, j’adorais me dépenser sur une musique entraînante. La danse me permettait de ne plus penser à ma vie, qui était pour le moment très minable. Je n’arrivais pas à passer au-delà des événements de Los Angeles. Je savais que pour être heureuse, je devais laisser le passé derrière moi mais j’avais beaucoup de mal à lâcher prise. Je gardais cette même colère depuis mon adolescence. Le fait de ne pas avoir été prise au sérieux ni d’avoir pu faire arrêter ce malade m’avait rendu encore plus enragée face à la vie. J’avais beaucoup de mal à passer à autre chose. Je savais que je devais lâcher prise mais je n’y arrivais pas. Si ce que mon beau-père avait essayé de me faire arrivait à une autre personne, je sais que je n’arriverai jamais à m’en remettre. Je sais que je devais en parler mais je n’y arrivais pas. Pour le moment, tout ce que je faisais était d’être dans un mal-être constant. Quand j’allais bien, il suffisait qu’un souvenir fasse surface pour que tout aille mal. Quand je réussissais à m’accrocher à la vie, je me disais qu’elle ne valait pas le coup d’être vécu. Je n’arrivais pas à trouver le bonheur. Pour moi, c’était un concept que je n’arrivais pas à saisir.
Emménager dans une nouvelle ville pouvait faire très peur surtout si on ne connaissait personne. Dans mon cas, j’avais de la chance car je savais que je pouvais compter sur ma cousine Savannah. On avait toujours été très proche l’une de l’autre. On pouvait se parler pendant des heures et des heures de notre famille et de nos points communs. Je savais que je pouvais confier n’importe quoi à ma cousine Savannah et elle le garderait pour elle. C’était le genre de personne en qui on pouvait faire confiance à 200%. J’ai tout naturellement souri à ma cousine en la faisant entrer dans mon studio. Je lui ai dit :
« Je n'ai plus mon rhume donc je vais plutôt bien ! »
Je détestais être malade et surtout me sentir impuissante. Malheureusement, je ne pouvais pas contrôler tout ce qui se passait dans mon corps alors j’ai dû combattre un rhume. Après les litres d’alcool que je buvais, j’arrivais quand même à tomber malade ! Je regardai ma cousine faire le tour de mon studio. Il n’était pas très grand alors il fut assez rapide :
« C'est vrai ? Ca te plait ? Je sais qu'il n'est pas très grand mais je voulais le décorer selon mes envies... »
L’état de mon gâteau au chocolat me faisait de la peine. J’avais toujours eu de bons souvenirs avec notre grand-mère et je voulais lui faire honneur avec ce gâteau. Malheureusement, je n’avais pas hérité de ses talents pâtissiers. Mon gâteau était loin d’être parfait. Il était un peu brûlé sur un côté et il n’était pas vraiment droit :
« Comme tu vois, j'ai essayé de suivre la recette de nana mais ce n'est pas une grande réussite... »
code by EXORDIUM.
Sujet: Re: Discussion entre cousines (Savannah) Ven 25 Oct - 14:23
Dès qu’elle m’avait ouvert les portes de son appartement, j’avais senti l’odeur. Cette odeur qui me ramenait des années plus tôt, quand nous passions du temps chez notre grand-mère. Nous passions de merveilleux moments là-bas et au moment où mes sœurs et moi nous éloignions, c’était ce qui ressemblait le plus à une famille pour moi.
« Ma pauvre, tu aurais dû me le dire, je t’aurais amené de la soupe !»
Je n’étais pas la meilleure des cuisinières mais je savais faire les soupes, à l’image des pâtes, c’était ce que je réussissais le mieux à cuisiner. Je pris d’abord le temps de regarder autour de moi, ce studio qui semblait si vide il y a quelques semaines était, à présent, si plein de vie. C’était un endroit cosy et propre à ma cousine, je la reconnaissais dans tous les détails qu’elle avait choisi, ce studio était une continuité à sa personnalité.
« Et comment qu’il me plaît, il te ressemble tellement ! »
Et comme j’aimais ma cousine, il était clair qu’il me plaisait non ? Puis, je revins sur l’odeur que j’avais sentie en pénétrant à l’intérieur de son studio, je fermais les yeux et lui demandais si elle ne nous aurait pas fait le gâteau de nana…. Elle semblait un peu gênée du résultat, penaude, elle me lâcha qu’elle avait essayé de suivre la recette de nana mais que ça n’était pas une réussite. Je rigole un peu, non pas de son gâteau mais de sa moue un peu boudeuse qu’elle prit. Je pose une main sur son bras et lâche :
« L’important c’est d’avoir essayé, je suis sûre que très vite, il aurait le même aspect que celui de nana ! En plus, il est peut-être super bon ton gâteau ! Moi je dis, heureusement que tu es là pour perpétuer notre tradition, c’est pas Soraya qui arriverait à faire ça, ni même moi ! A la limite, Sara peut-être ! »
Soraya et Sara étaient mes deux grandes sœurs, l’une était la sœur parfaite et l’autre la peste de service. En fait, elle n’était jamais heureuse, Soraya avait toujours broyé du noir et l’annonce de sa maladie ne l’avait pas aidée à voir la vie de manière plus positive.
« Goûtons-le pour voir si le goût y est déjà ! »
Décrétais-je, impatiente de voir si ma cousine avait percé le secret de notre grand-mère.
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